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Félix Fénéon


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Félix Fénéon
 
Paul Signac, Sur l'émail d'un fond rythmique de mesures et d'angles, de tons et de teintes, Portrait de M. Félix Fénéon en 1890, Opus 2171.
 
Félix Fénéon en 1901 par Maximilien Luce.
Félix Fénéon est un critique d'art, journaliste et directeur de revues français, né à Turin (Italie) le 22 juin 1861 et mort à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) le 29 février 1944. Anarchiste, il est inculpé, en 1894, lors du procès des Trente
 
Jean Paulhan a écrit un essai intitulé Félix Fénéon ou le critique : Félix Fénéon incarne en effet avant tout le critique au goût très sûr, qui savait que Rimbaud, Jules Laforgue, Stéphane Mallarmé, Paul Valéry et Apollinaire seraient les grands écrivains de son temps et non Sully Prudhomme ou François Coppée, et qui rendait justice aux impressionnistes puis post-impressionnistes quand ses confrères encensaient les Pompiers.
 
Le Prix Fénéon, littéraire et artistique, est créé en 1949 à l'initiative de la veuve de Félix Fénéon, Fanny Goubaux.
 
De 1881 à 1894, Félix Fénéon fut employé au ministère de la guerre. « Personne ne savait comme lui rédiger un rapport sur n'importe quoi, affirme un de ses collègues cité par Octave Mirbeau, et il se faisait une joie de rédiger les rapports des autres, pour qui ce travail intellectuel était une angoisse, une torture, et souvent une insurmontable difficulté. Les rapports de Fénéon étaient, paraît-il, des façons de chefs-d'œuvre, nets, précis, d'une langue administrative parfaite. Ce subtil et délicieux artiste, qui se plaisait parfois aux curieux déhanchements de la phrase, aux concordances de rythmes bizarres, avait la faculté d'écrire comme un rédacteur de codes. Il aimait à plaisanter ce talent particulier, mais qui prouve, contrairement aux récits de quelques nouvellistes, lesquels me paraissent ne guère connaître celui qu'ils biographient et jugent avec tant d'assurance, combien son esprit était clair2. »
 
 
Portrait de Félix Fénéon
par Félix Valloton
paru dans Le Livre des masques
de Remy de Gourmont (vol. II, 1898).
Il s'engage dans le mouvement anarchiste dès 1886 et collabore à de nombreux journaux ou revues libertaires comme L'Endehors (dont il assumera la direction pendant l'exil de Zo d'Axa) à Londres, La Renaissance, La Revue Anarchiste, etc. On l'accuse d'avoir été l'auteur de l'attentat contre le restaurant Foyot, le 4 avril 1894 (attentat qui coûta un œil à Laurent Tailhade, ami personnel de Fénéon3.) Une perquisition à son domicile, et à son bureau au Ministère de la Guerre, laisse découvrir du matériel, mercure, qui, selon l'accusation, aurait pu permettre de fabriquer une bombe. Il fait partie des accusés lors du « procès des Trente » en août 1894. De nombreux artistes et écrivains, notamment Stéphane Mallarmé et Octave Mirbeau, prennent sa défense. Mallarmé et Charles Henry viendront témoigner en sa faveur, tandis que Fénéon se paie le luxe de ridiculiser les magistrats par ses reparties piquantes et spirituelles ("Je ne lance de bombes, que littéraires...")4,5. En particulier, il explique que le mercure pouvait servir à confectionner des baromètres.
 
Très persuasif, il est finalement acquitté. Embauché par les frères Natanson, directeurs de la Revue blanche, il en devient secrétaire de la rédaction6 puis le rédacteur en chef. Il est partie prenante dans le soutien apporté à Alfred Dreyfus par les intellectuels regroupés autour de la Revue blanche et d'Émile Zola. Il est un des signataires du Manifeste des intellectuels publié par L'Aurore le 14 janvier 1898. Il continue sa carrière journalistique au Figaro puis au Matin, où il rédige ses célèbres Nouvelles en trois lignes.Il abandonne le journalisme à la fin de 1906 et devient employé puis directeur artistique de la galerie Bernheim-jeune, rue Richepanse et, dans le même temps un des directeurs littéraire aux Éditions de la Sirène. Après la Première Guerre mondiale, et devant la révolution russe de 1917, il s'éloigne de l'anarchisme pour se rapprocher, dans l'amitié de Paul Signac, d'une sensibilité communiste. Félix Fénéon est de son vivant surtout connu comme critique d'art et découvreur de talents. On lui doit un texte de première importance, le manifeste du néo-impressionnisme : Les Impressionnistes en 1886. Cette mince plaquette éditée à 227 exemplaires est la seule de ses œuvres, si l'on excepte ses contributions aux volumes, Petit Bottin des arts et des lettres, Portraits du prochain siècle et Rassemblements ou Badauderies parisiennes, qui fut publiée du vivant de son auteur7. Cofondateur de La Libre Revue et de La Revue indépendante (1884), il fut l'un des principaux rédacteurs de la revue La Vogue, il fut rédacteur, traducteur puis secrétaire de rédaction de la Revue Blanche (janvier 1894-1903). Il collabora également à La Revue moderniste, au Symboliste, à La Cravache, à La Plume, au Chat noir, aux Entretiens politiques et littéraires de Francis Vielé-Griffin, au Père peinard. Il fit découvrir et, ou, publier, des auteurs tels que Jules Laforgue, Jarry, Mallarmé, Apollinaire, Rimbaud, etc. En peinture, il contribua à faire connaître, tout d'abord, Seurat, puis Camille Pissarro déjà bien installé, Pierre Bonnard, Paul Signac, Kees van Dongen, Henri Matisse, Maurice Denis, Émile Compard, etc.
 
« Malgré son aspect volontairement froid, sa politique un peu roide, le dandysme spécial de ses manières, réservées et hautaines, écrit Octave Mirbeau, il a un cœur chaud et fidèle. Mais il ne le donne pas à tout le monde, car personne n'est moins banal que lui. Sa confiance une fois gagnée, on peut se reposer en lui comme sous un toit hospitalier. On sait qu'on y sera choyé et défendu, au besoin. » « Tout était étrange en lui, note Jean Ajalbert, de sa longue tête anguleuse, de sa face à barbiche, de yankee de café-concert, – à son flegme jamais démonté. À travers les conversations échauffées, il n'intervenait que par apophtegmes doux, d'une voix caressante, imprévue de ce grand corps comme en bois, sous le mac-farlane rigide, le crâne surmonté du haut de forme à bords plats2.»
 
 
Signature de Félix Fénéon
Fénéon, selon la formule d'Apollinaire, « n'a jamais été très prodigue de sa prose ». Si ses articles sont innombrables, ils tiennent parfois en une demie-ligne, comme cette critique d'un roman : « Dédié à Madame Edmond Adam et certainement approuvé d'elle », ou ce commentaire dédaigneux d'un pastel médiocre : « G. Dubufe. – De M. Guillaume Dubufe. »
 
Il n'est pourtant pas avare d'ironie lorsqu'il s'agit de critique théâtrale. Lorsqu'Adolphe Tabarant adapte en 5 actes le roman Le Père Goriot, représenté plusieurs fois au Théâtre-Libre, il l'attaque dans Le Chat noir (revue) du 31 octobre 1891.
 
« Au mépris des droits de la tombe, contraindre Balzac à une collaboration, comme fait M. Adolphe Tabarant, c’est peu révérencieux. Mais, du moins, pouvait-on penser qu’un tel escaladeur de cimetières littéraires garderait cette belle hardiesse et ne voudrait voir, dans l’épisode de roman dont il s’emparait, que matière première à repétrir à sa guise en vue d’une œuvre dramatique ayant sa beauté propre et donnât, par d’autres artifices, l’équivalent de l’original. Point.  »
 
Dans les années 1920, Félix Fénéon est le directeur littéraire des Éditions de La Sirène.Il publie là James Joyce, Jules Laforgue, Jérome K. Jérome … Après sa mort, sa collection de peintures et d'art africain, très riche, fait l'objet de trois ventes publiques. L'État s'y porte notamment acquéreur de trois études des Poseuses de Seurat, conservées aujourd'hui au musée d'Orsay.
 
Il s'est beaucoup engagé dans la promotion de l'œuvre de Seurat. À la demande de sa famille il établit l'inventaire pictural du peintre après son décès, aux côtés de Maximilien Luce et Paul Signac. Il a acquis tout au long de sa vie des oeuvres importantes de l'artiste qui ont ensuite été vendues et sont aujourd'hui exposées dans les musées. À partir des années 1930, il a entrepris le catalogue de l'oeuvre du peintre, achevé par César M. de Hauke (Seurat et son œuvres, Paris : Arts et Métiers graphiques/Gründ, 1961), auquel Fénéon avait donné sa documentation et les autographes qu'il possédait de Seurat8.
 
Œuvres
Fénéon - Iront-ils au Louvre ? Enquête sur les arts lointains, Bulletin de la vie artistique, 24, 25 et 26, 1920.djvu
Les impressionnistes en 1886
Œuvres, préface de Jean Paulhan, Paris, Gallimard, 1948.
Œuvres plus que complètes, édition Joan U. Halperin, Librairie Droz, 1970.
Nouvelles en trois lignes, éditions Macula, Paris, 1990 Le Mercure de France (2 volumes), Paris, 1997-1998, Le livre de poche, Biblio, n° LP9, 1998, Cent pages, 2010.
Correspondance de Fanny & Félix Fénéon avec Maximilien Luce, ill. par Luce de portraits originaux ; éd. établie par Maurice Imbert, Tusson, du Lérot, 2001
Petit supplément aux œuvres plus que complètes volume 1. Édition établie par Maurice Imbert. du Lérot, éditeur, 2003.
Le Procès des Trente, Histoires littéraires & du Lérot, éditeur, 2004. Édition établie par Maurice Imbert d'après les articles de journaux, 150 pages, concernant le procès rassemblés par la mère de Félix Fénéon et annotés par lui-même, illustré.
Petit supplément aux œuvres plus que complètes volume 2. Édition établie par Maurice Imbert. du Lérot, éditeur, 2006.
Correspondance de Stéphane Mallarmé et Félix Fénéon. Édition établie par Maurice Imbert. du Lérot, éditeur, 2007.
Correspondance John Gray et Félix Fénéon. Édition établie par Maurice Imbert. du Lérot, éditeur, 2010.
Iront-ils au Louvre ? Enquête sur les arts lointains, sous la dir. de Félix Fénéon, dans Bulletin de la vie artistique, 24, 25 et 26, Paris, 15 nov., 1er et 15 décembre 1920, p. 662-669, 693-703, 726-738 (no 24 et 26 puis 25 en ligne) ; repr. Toulouse, 2000 (ISBN 978-2-913243-13-2).
Georges Seurat. Préface de Maurice Imbert. L'Échoppe, collection envois, Paris, 2010.
Lettres à Léon Vanier. Introduction et notes de Maurice Imbert. Du Lérot, Tusson, 2013.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Guillaume Apollinaire, « M. Félix Fénéon », dans Mercure de France, t. 108, no 402, 16 mars 1914, p. 431–432
Françoise Cachin (éd.), Félix Fénéon : au-delà de l'impressionnisme, Paris : Hermann, 1966.
Joan Ungersma Halperin, Félix Fénéon and the language of art criticism, Ann Arbor : UMI Research Press, 1980.
Joan Ungersma Halperin, Félix Fénéon : art et anarchie dans le Paris fin-de-siècle, trad. française D. Aury, Paris : Gallimard, 1991 (ISBN 2-07-071699-6).
William Salama, Les nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon : un anarchiste au "Matin", mémoire de maîtrise, Villetaneuse : Université Paris XIII Nord, 1996.
Daniel Grojnowski, Aux commencements du rire moderne. L'esprit fumiste, Paris, José Corti, 1997.
Jean-Yves Jouannais, Artistes sans œuvres, Paris, Hazan, 1997.
Jean Paulhan, F.F. ou le Critique, Paris : Gallimard, 1945, puis éditions Claire Paulhan, 1998.
John Rewald, Félix Fénéon : l'homme qui désirait être oublié, Paris : L'Échoppe, 2010.
 
Félix Fénéon
 
 
 
Portrait de Félix Fénéon par Jeanne Picq
 
------Né le 29 juin 1861 à Turin, Louis, Félix, Jules, Alexandre, Elie Fénéon est le fils d'un voyageur de commerce bourguignon et d'une Suissesse. Il fait de bonnes études secondaires à Mâcon. Après son service militaire, il passe en 1881 le concours de recrutement des rédacteurs au ministère de la Guerre où il sera un employé modèle et s'installe à Paris.
 
 
L'animateur symboliste et le critique du néo-impressionnisme (1883-1890)
 
Fénéon se distingue comme animateur de revues et rédacteur de critiques d'art et de littérature.
En 1883 il est le secrétaire de rédaction de La Libre revue ; en 1884, il fonde la Revue indépendante ; de 1885 à 1890, il anime La Vogue dirigée par Gustave Kahn, la Revue wagnérienne et la Revue indépendante auprès de Dujardin, de Wyzewa et de Kahn, collabore au Symboliste et à L'Art moderne de Bruxelles, aide Lecomte à créer La Cravache. C'est lui qui présente en 1886 les Illuminations dans La Vogue. Il se lie à Laforgue dont il publiera fidèlement les inédits après sa mort.
Il découvre Une baignade, Asnières et Seurat au Salon des artistes indépendants de mai 1884 et il publie deux ans plus tard une plaquette Les impressionnistes qui définit les règles de la peinture qu'il appelle néo-impressionniste. Admirateur de Charles Henry, il devient l'ami et le défenseur du groupe. Il présente Signac et Kahn dans Les Hommes d'aujourd'hui.
L'attitude critique de Fénéon, faite de scrupules et d'attention méticuleuse, sa grande sensibilité et son style d'une précision descriptive clinique et sèche, en font un critique exceptionnel, créateur de la modernité en ce domaine. 
Il rédige avec Adam, Méténier et Moréas le Petit Bottin des lettres et des arts et avec Paul Adam qui signe Plowert un Petit glossaire pour servir à l'intelligence des auteurs décadents et symbolistes. Ses citations, qui parsèment ce dernier ouvrage montrent sa virtuosité dans l'appropriation de termes techniques, tout à fait novatrice à l'époque.
 
Le compagnon de route des anarchistes (1891-1894)
 
En 1891, la mort de Seurat après celle de Laforgue frappe Fénéon. Il collabore au Chat Noir, à La Plume, et à L'Endehors, journal de son ami Zo d'Axa auquel il livre des chroniques de faits divers intitulée " Hourras, tollés et rires maigres ". En 1892 et 1893, avec Descaves, Barrucand et quelques compagnons, il réussit l'exploit de poursuivre anonymement la publication de la revue de Zo d'Axa réfugié à Londres ; il y côtoie Emile Henry qui va commettre deux attentats et sera guillotiné. A l'automne 1893, il reporte sa collaboration vers Le père Peinard, la Revue anarchiste, puis la Revue libertaire. Ces feuilles étant tour à tour fermées par la répression renforcée en décembre des lois scélérates, il se rapproche de la Revue Blanche qui accueille en avant-coureurs Charles Henry et Barrucand, et installe provisoirement Léon Blum comme gérant à la place de Muhlfeld.
En avril 1894, dans le cadre des rafles policières, une perquisition est faite au bureau de Fénéon au ministère où on découvre un flacon de mercure et des détonateurs provenant vraisemblablement de l'arsenal d'Emile Henry déménagé par les compagnons à la barbe de la police après son arrestation. Arrêté, Fénéon fait partie des inculpés du procès des Trente. Thadée Natanson organise sa défense, fait appel à Demange qu'il assiste comme avocat stagiaire, cite comme témoins Charles Henry et Mallarmé qui avait dit, dans une interview, qu'il n'y avait pas, pour Fénéon, de meilleurs détonateurs que ses articles. Ses réponses insolentes montrent son maniement hors pair de la dialectique pour nier tout contre la vraisemblance. Le jury est indisposé ; le partage des voix lui vaut l'acquittement comme pour l'ensemble des accusés politiques.
Les lecteurs des journaux ont alors fait la découverte de ce personnage que les journalistes ont décrit comme une sorte de dandy yankee.
 
 
Le secrétaire de rédaction de la Revue Blanche (1895-1903)
 
Durant plus de huit ans Fénéon dirige la rédaction de la revue à laquelle il s'identifie en suivant les orientations des frères Natanson avec lesquels il partage beaucoup d'options politiques, littéraires et artistiques. Il y introduit ses amis anarchistes, Zo d'Axa, Pouget, Malato, Cohen, Steens, Remy, Signac, Luce, Steinlen, Van Dongen, Marquet… Il organise en 1897 une Enquête sur la Commune et contribue à l'engagement de la revue dans le combat dreyfusard.
Secrétaire de rédaction, il conseille les auteurs débutants, structure les numéros en imposant des textes brefs et documentés, négocie des contrats, rédige des présentations laconiques, corrige les épreuves, choisit des illustrations. Il paraît sur la scène amie du théâtre de L'Oeuvre, soutient Jarry, suscite des publications exceptionnelles comme le manifeste de Signac et Noa Noa de Gauguin, organise dans les bureaux de la revue la première exposition rétrospective de Seurat.
Il signe avec Barrucand des Passim, commentaires à l'humour noir sur l'actualité, écrit quelques chroniques, des traductions de Poe, de Jane Austen et de Dostoïevski. Il rédige deux des textes des Rassemblements, manifeste collectif de la rédaction, composé de récits inspirés par des gravures de Vallotton.
Dans les premières années du XXème siècle, il pilote à la fois la Revue Blanche et ses Editions qui inscrivent à leur catalogue la prestigieuse traduction des Mille et une nuits par le Dr Mardrus, et Quo Vadis, best seller de Sienkiewicz, et des essais politiques.
 
 
Le journaliste et le directeur de galerie (1906-1926)
 
A la fin de l'année 1902, six mois avant la fin de la revue, Fénéon trouve un emploi administratif au Figaro. En mai 1906, il devient un des rédacteurs de la rubrique des " Nouvelles en trois lignes " créée par Le Matin à la fin de l'année précédente.
Cet exercice lui donne l'occasion de porter à son apogée sa virtuosité dans la condensation du reportage de faits divers. Les initiés du Tout Paris se délectent à lire chaque jour ses contributions qu'Apollinaire qualifiera d'immortelles. En 1944, Jean Paulhan aura la bonne idée de regrouper les 1210 nouvelles identifiées. On découvre alors un véritable tableau de la société prolétaire de l'époque, constitué de l'assemblage de touches contrastées comme les tableaux néo-impressionnistes qu'il admirait tant. 
C'est aussi en 1906 que Fénéon devient le directeur artistique de la section d'art moderne de la galerie Bernheim-Jeune. Il gardera ses fonctions jusqu'à sa retraite en 1925. Il développe les contrats avec les peintres - successivement signataires Bonnard, Vuillard, Cross, Signac, Matisse, Van Dongen - qui obtiennent ainsi un revenu garanti sans aliéner leur liberté. Il organise en 1912 la première exposition parisienne des peintres futuristes… et constitue une remarquable collection de tableaux et de sculptures nègres. 
En 1914, il lance le Bulletin de la vie artistique financé par la galerie et après la guerre, il succède à Cendrars à la direction technique des éditions de La Sirène où il aura le mérite de publier en 1923, Dedalus, de Joyce.
 
 
Le mythe Fénéon
 
Retiré, Fénéon reste fidèle à ses convictions, se déclarant communiste et hissant le drapeau rouge sur son immeuble pour fêter le succès du front populaire. Il aide de son témoignage les travaux sur Rimbaud et Seurat, impressionnant ceux qui l'interrogent par son imperturbable courtoisie et sa précision exceptionnelle de langage. Marie Van Rysselberghe, la " petite dame " de Gide, qui le fréquente depuis le siècle précédent, le décrit avec admiration.
Paulhan, son dernier ami, publie, quelques mois avant sa mort, un recueil de ses écrits précédé d'une introduction : FF ou le critique. Fasciné par le personnage et la convergence de ses réponses avec son propre cheminement, il fait de Fénéon le mythe du critique infaillible qui termine logiquement dans le silence. Quelques décennies plus tard, Joan Halperin, en publiant une biographie, inventera un autre mythe de Fénéon, celui d'un écrivain passé à l'acte terroriste en 1894 (attentat Foyot).
Ces deux mythifications montrent l'extraordinaire force qui émanait de celui que Jarry appelait " Celui qui silence " et dont Nadeau écrit qu' " il n'est finalement pas d'autres mots pour définir son attitude que celui d'absolue loyauté ". Félix Fénéon s'éteint le 29 février 1944, dans la maison de Chateaubriand qu'il habitait à la Vallée-aux-Loups.
 
© Paul-Henri Bourrelier.
 
 
Voir une lettre de Félix Fénéon à Laurent Tailhade 
 
Œuvres
 
Les Impressionnistes en 1886, Paris, publications de la Vogue, 1886, 43 p.
Cote BnF :8- V PIEC
 
Petit Bottin des lettres et des arts, Paris, E. Giraud, 1886, 181 p., par Paul Adam, 
Oscar Méténier, Jean Moréas et Félix Fénéon. Cote BnF : RES 16- LN9- 420.
(réédition en fac-simile Du Lérot, en 1990, avec une présentation de René-Pierre Colin)
 
Jean Moréas, in Les Hommes d'aujourd'hui, N °268 (année1886), 4 p., cote BnF : Richelieu - Arts du spectacle - magasin : 8- RF- 67673.
 
Les Derniers vers de Jules Laforgue: des Fleurs de bonne volonté, le Concile
féérique, Derniers vers, édités, avec toutes les variantes, par Édouard Dujardin et Félix Fénéon . Tours, imprimerie de Deslis, 1890, VIII-301 p., cote BnF : RES P- YE- 182
 
Lettres d' Edgar Allan Poe,.... traduction par Félix Fénéon, extrait. de la Revue Blanche du 1er février 1895, pp. 102-112, cote BnF : Richelieu - Arts du spectacle - magasin
8- RE- 11513
 
Catherine Morland, roman de Jane Austen, traduit de l'anglais, par Félix Fénéon, Paris, éditions de la Revue blanche, 1899, 364 p., cote BnF : MFICHE 8- Y2- 52428.
(réédition Gallimard, collection Les Classiques anglais, 1946, puis Gallimard, collection L'Imaginaire, 1980)
 
Un Adolescent, roman de Dostoievski, traduit du russe par J. W. Bienstock et Félix Fénéon, Paris, Édition de la Revue Blanche, 1902, 620 p., cote BnF : 8- Z WAHL- 274.
(nouvelle édition, Fasquelle, Bibliothèque Charpentier, 1923, 2 volumes de 310 p.)
 
Œuvres, introduction de Jean Paulhan, Paris, Gallimard, 1948, 479 p., cote BnF : MFICHE 16- Z- 2671.
 
Illuminations d'Arthur Rimbaud, édition critique avec introduction et notes par Henry de Bouillane de Lacoste, en appendice, extraits de lettres de Félix Fénéon à l'auteur, de 1939 à 1942, Paris, Mercure de France, 1949, 205 p., fac-similé, cote BnF : 16- YE- 1577
 
Au-delà de l'impressionnisme, textes réunis et présentés par Françoise Cachin, Paris, Hermann, 1966, 187 p., cote BnF : libre-accès - Littérature et art - Salle W - Art
709.440 9.
 
Œuvres plus que complètes, textes réunis et présentés par Joan U. Halperin, Genève-Paris, Droz, 1970, 2 volumes (LXVIII-1088 p.), cote BnF : 8- Z- 39973 (107,1) pour le volume 1 et 8- Z- 39973 (107,2) pour le volume 2.
 
Nouvelles en trois lignes, (extraits), lithographies de Topor, Monaco, recueil de textes extraits du Matin (1906). Sauret, 1975, 38 p., cote BnF : RES ATLAS- Z- 37.
 
Lettres à Francis Vielé-Griffin (1890-1913) et documents annexes, présentation et annotation par Henry de Paysac, Tusson, du Lérot, 1990, 176 p., cote BnF : libre-accès - Littérature et art - Salle V - Littératures d'expression française : 84/34 FENE 2 l.
 
Nouvelles en trois lignes, édition présentée par Patrick et Roman Wald Lasowski, illustrées par Félix Vallotton, recueil de textes extraits du Matin (1906). Paris, éditions Macula, 1990, 180 p. Cote BnF : libre-accès - Littérature et art - Salle T - 070.094 1 MATI f ;
(seconde édition en 2002)
 
Trois lettres inédites, présentées par Jean-Paul Goujon, Reims, Éditions A l'écart, 1991, 17 p., cote BnF : 16- Z- 28047 (23).
 
Correspondance Félix Fénéon - Jacques Rodrigues-Henriques, 1906-1942, édition établie par Jean-Paul Morel, avec la participation d'Isabelle de La Brunière, Paris, Séguier, 1996. 149 p., cote BnF : 4- D4 MON- 820.
 
Nouvelles en trois lignes et autres textes courts, présentation et notes par Hélène Védrine, Paris, Librairie générale française, Le livre de poche. Biblio, 1998, 251 p.
 
Nouvelles en trois lignes, volume II, choix et préface de Régine Detambel, Paris, Mercure de France, 1998, 91 p., cote BnF : 1999- 29381.
 
Nouvelles en trois lignes, extraits, illustrations de Pasacle Boillot, Paris (64 rue Condorcet, 75009), 1999, non paginé, cote BnF : Richelieu - Estampes et photographie - magasin
Dc-2413-4 .
 
Iront-ils au Louvre ? enquête sur des arts lointains, par Félix Fénéon, précédemment publié dans le Bulletin de la vie artistique (Paris, 1920), Toulouse : Toguna, 2000, 22 p., cote BnF : 2000- 71248.
 
Correspondance de Fanny & Félix Fénéon avec Maximilien Luce, ill. par Luce de portraits originaux ; éd. établie par Maurice Imbert, Tusson, du Lérot, 2001, 50 p., cote BnF : 2002- 124346.
 
Petit supplément aux Oeuvres plus que complètes, édition établie par Maurice Imbert, Tusson, Du lérot, 2003, 105 p., cote BnF : libre-accès - Littérature et art - Salle V - Littératures d'expression française 84/34 FENE 2 o.
 
 
Sur Félix Fénéon :
 
Willy, extrait du Nouvel Echo, N °4, 15 février 1892, pp. 97-99, cote BnF : Richelieu - Arts du spectacle - magasin: 8- RF- 74714.
 
Catalogue de la vente de la collection Félix Fénéon à l'Hôtel Drouot le 4 décembre 1941, Paris, Drouot, 1941, 56 p. British Library: Holdings (BL) YA.1993.b.10433.
 
Le Procès des Trente, vu à travers la presse de l'époque…, édition établie par Maurice Imbert, Histoires Littéraires & Du Lérot, éditeur, supplément à Histoires Littéraires, n°20, 2004, 64 p.
 
Félix Fénéon: art et anarchie dans le Paris fin de siècle par Joan Ungersma Halperin ; traduit de l'anglais par Dominique Aury, Gallimard, 1991, 439 p.
Cotes BnF : Tolbiac - Haut-de-jardin - Littérature et art - Salle H -
84/34 FENE 5 HA & Rez-de-jardin - 8- LN27- 97121 
 
F.F. ou Le critique par Jean Paulhan
Paris : C. Paulhan, 1998, 170 p. Cotes BnF : Tolbiac - Haut-de-jardin - Littérature et art - Salle H - 84/4 PAUL 4 f & - Rez-de-jardin - libre-accès - Littérature et art - Salle V - 
84/4 PAUL 4 f 


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